Paul, sur son blog, parle de sa visite à l'exposition Hokusai (1760-1849). Cela m'a donné envie de regarder à nouveau ses oeuvres.
"Dans les deux hémisphères, c'est donc la même injustice pour tout talent indépendant du passé! Voici le peintre qui a victorieusement enlevé la peinture de son pays aux influences persanes et chinoises et qui, par une étude pour ainsi dire religieuse de la nature, l'a rajeunie, l'a renouvelée, l'a faite vraiment toute japonaise; voici le peintre universel qui, avec le dessin le plus vivant a reproduit l'homme, la femme, l'oiseau, le poisson, l'arbre, la fleur, le brin d'herbe; voici le peintre qui aurait éxécuté 30 000 dessins ou peintures; voici le peintre qui est le vrai créateur de l'ukiyoe, le fondateur de l'Ecole vulgaire, c'est à dire l'homme qui [...] a fait entrer, en son oeuvre, l'humanité entière de son pays, dans une réalité échappant aux exigences nobles de la peinture de là-bas; voici enfin le passionné, l'affolé de son art, qui signe ses productions: "fou de dessin "...Eh! bien ce peintre [...] a été considéré par ses contemporains comme un amuseur de canailles [...] Et ce mépris [...] a continué jusqu'à ces derniers jours où, nous les Européens, mais les Français en première ligne, nous avons révélé à la patrie de Hokusai le grand artiste qu'elle a perdu il y a un demi-siècle [...] Edmond de Goncourt - monographie de 1896 ( Hokusai - Matthi Forrer et Edmond de Goncourt - Flammarion 1988)
Dans les années 1850-60, la découverte des estampes japonaises a influencé les Impressionnistes.
"Monet soutenait qu'il avait acheté ses premières estampes japonaises dès 1856, dans un magasin du Havre où l'on vendait des objets rares arrivés par les navires des lignes océaniques. Le graveur et aquafortiste Félix Bracquemond [...] disait avoir découvert par hasard un album de dessins de Hokusai, en 1856 également, dans la boutique de Delâtre, son imprimeur. [...] En 1861 Beaudelaire mentionnait un ensemble d'estampes japonaises [...] qu'il qualifiait d'images d'Epinal du Japon. [...] (Les Impressionnistes - Ed. Gründ)
En 1862, les époux Desoye ouvrirent un magasin "La porte chinoise" que fréquentèrent Degas, Whistler, Fantin-Latour, Beaudelaire et autres noms célèbres.
L'exposition universelle de 1867 présenta des estampes de plusieurs peintres japonais.
"Jules et Edmond Goncourt possédaient d'ailleurs une collection d'objets japonais qui, lorsqu'elle fut vendue en 1897, comprenait 1500 pièces.[...]
Quant à Monet [...] à Giverny, où il habita jusqu'à la fin de sa vie, on peut toujours voir son importante collection d'estampes, constituée au cours de sa longue existence. [...]Monet avait déjà compris depuis longtemps ce qui l'intéressait dans les estampes et qu'il entendait développer dans son propre travail, à savoir des procédés tels que l'adaptation d'un point de vue surélevé ou de spectaculaires raccourcis de perspective." (Les Impressionnistes - Ed. Gründ)
"Dans ses Trente-six vues du Fuji-yama, Hokusai crée ces séries où l'atmosphère d'un même site est évoquée dans toute sa diversité et sa subtilité, prélude aux nombreuses variations en "séries" d'un Claude Monet" (Les peintres Impressionnistes - M. Serullaz)
Degas, Whistler, puis Toulouse-Lautrec, Van Gogh, Gauguin subiront l'influence des maîtres de l'estampe japonaise.
En 1914, le peintre breton Mathurin Méheut -né à Lamballe- fait un voyage dans le Kansai (Osaka, Kôbe, Kyôto). Méheut est influencé par le japonisme et l'Art nouveau, deux courants artistiques de cette époque.
Après le succès de son exposition animalière de 1913, "exécutés au crayon, ou rehaussés, écaillés de touches, ou peints à l'aquarelle avec éclat, une minutie et une largeur qui rappellent l'art des plus beaux maîtres japonais, ces dessins se surpassent l'un l'autre." (Henri Lavedan de l'Académie française - L'Illustration 8 novembre 1913) Méheut obtient une bourse "Autour du monde" de la Fondation Albert-Kahn.
Le 10 janvier 1914, il embarque, avec son épouse, pour un voyage de 18 mois. Ils arrivent au Japon en avril. Leur séjour devait durer six mois, mais la mobilisation générale en France interrompt le voyage.
En 2003, ses deux arrière-petites-filles remontent le temps et partent au Japon sur les traces de leur aieul.
Ce livre nous donne les oeuvres réalisées lors de son séjour et plus tard dans son atelier -démontrant combien ce voyage avait été important-
C'est aussi un regard sur le Japon d'autrefois, car comme en Bretagne, Méheut s'attache à la vie des petites gens, à la faune et à la flore.
Hokusai Tempête au large de Kanagawa