"Stupeur et tremblements" d'Alain Corneau d'après le roman d'Amélie Nothomb
Une jeune Belge, Amèlie, nostalgique du Japon de son enfance, se fait engager comme traductrice dans le service comptabilité d'une grande entreprise nippone.
Le responsable du service ne lui donnant aucun travail, elle s'occupe malicieusement en distribuant les cafés et en changeant les dates des calendriers. Elle essaie de se faire amie avec sa supérieure hiérarchique dont elle admire la beauté. Elle commet quelques maladresses dues à sa méconnaissance des subtilités de la société japonaise.
En représailles, elle est envoyée à la photocopieuse où elle passe des journées à reproduire un dossier - le règlement d'un club de golf- que son chef jette immédiatement à la poubelle.
Elle y rencontre le responsable du service "produits laitiers" et en secret elle lui écrit une note sur un brevet belge de beurre allégé. Mais ils sont dénoncés et recoivent une volée de bois vert de la part du sous-directeur de la société. L'individualisme et l'initiative n'ont pas leur place dans cet univers ultra-codifié. La dénionciatrice n'est autre que sa supérieure qui voit en Amélie une possible concurrente.
Concurrente qu'elle s'efforce d'éliminer en lui donnant des tâches de plus en plus minables. Jusqu'au jour où elle la conduit dans les toilettes du 44ème étage et charge Amélie de la gestion du papier toilette. La jeune fille ne veut pas s'avouer vaincue, elle résistera à sa supérieure et occupera ce poste jusqu'à la fin de son contrat, lorsqu'elle pourra enfin partir la tête haute.
Cela pourrait être une histoire de harcèlement banal dans les entreprises et une satire du monde du travail au Japon (?). Mais elle est trop caricaturale.
Les chefs sont toujours vociférants; le sous-directeur est une sorte de lutteur de sumo qui fait peur; sa supérieure, derrière son visage impassible, est une jeune femme aigrie qui a peiné pour faire sa place, qui s'est mise à l'écart des normes en restant célibataire alors qu'elle a déjà trente ans, et peut-être se venge-t-elle de ses propres humiliations en abaissant Amélie.
Le seul personnage sympathique est le responsable du service "produits laitiers" qui a conscience de sa valeur et de son inexpérience de la société japonaise et qui tente de l'aider. Par exemple en organisant le boycott des toilettes hommes du 44ème, leur insoumission se manifestant en allant au 43ème!
Pourquoi l'a-t-on embauchée puisqu'on ne lui donne aucune traduction?
Elle ne comprend rien au classement des factures, elle se révèle incapable de vérifier les notes de frais des employés. Elle passe pour une idiote aux yeux de sa supérieure peu encline à lui pardonner ses erreurs.
Le personnage d'Amélie est humble à souhait, pleine de bonne volonté, à la fois désirant s'insérer dans l'entreprise et jetant un regard étranger à cette organisation qu'elle juge avec humour. L'actrice Sylvie Testud joue Amélie avec une délicieuse légèreté.
"Stupeur et tremblement" est le meilleur Nothomb. De loin...
Rédigé par : wrath | 29 septembre 2006 à 23:49