La Bretagne d'après "L'itinéraire de Bretagne" de Mr Dubuisson-Aubenay -ouvrage collectif, Presses Universitaires de Rennes - Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne
"Ce livre propose l'édition d'un manuscrit connu sous le nom d'Itinéraire de Bretagne de 1636" qui avait fait l'objet d'une édition en 1898, revu et corrigé par une équipe d'historiens, de conservateurs et de scientifiques apportant les connaissances acquises au XXième siècle.
L'auteur, de son vrai nom François-Nicolas Baudot, seigneur du Buisson et d'Ambenay, est né en 1590 à Ambenay, près d'Evreux dans une grande famille normande. Après de solides études à Paris, ses relations lui permettent de faire de nombreux voyages (de 1912-15 à 1640) accompagnant un diplomate ou un chargé de mission du roi - tel Jean d'Etampes seigneur de Valençay- en France, Italie, Pays-Bas, Allemagne, Hongrie etc.
En 1636 le seigneur de Valençay, ayant été nommé commissaire particulier du roi aux Etats de Bretagne à Nantes, Dubuisson-Aubenay participe au voyage entrepris dans la province. C'est ce voyage qui est la source de son ouvrage.
A partir de 1640 ses missions à l'étranger cessent. Il continue à voyager en France, en particulier en Normandie, sujet de son Itinéraire en Normandie.
De chacun de ses voyages il a rapporté des notes prises lors de rencontres, de visites ou de lectures. C'est un grand érudit curieux de tout ce qu'il observe.
"Il est nommé historiographe du roi en 1648, puis en 1650 "intendant des devises, emblèmes et inscriptions pour les jardins, galleries et bâtiments royaux de France". Il rédige dans le cadre de cette fonction de nombreuses épitaphes ou devises officielles."
L'année de sa mort (1652) il consigne les symptômes de sa maladie dans son journal, ce qui permettra de diagnostiquer la cause de son décès (une pleuro-pneumonie chronique suite à un coup de froid à l'église en janvier 51).
"Par son testament, Dubuisson lègue tous ses papiers au fils de son ami [...] qui l'a longtemps hébergé et conservé ses manuscrits, ses collections de gravures et de médailles." Ils seront déposés à la bibliothèque du séminaire de St Sulpice, puis à la Révolution à la bibliothèque Mazarine, sauf le manuscrit de l'Itinéraire en Bretagne qui fut confié à la Bibliothèque nationale.
Au 17ème siècle plusieurs publications sur la Bretagne ont été faites. Mais le manuscrit de Dubuisson est le plus riche. Il ne s'est pas contenté de faire une description des lieux visités, "il mène une véritable enquête orale, recopie des manuscrits, visite des monuments, consulte des ouvrages pour aboutir à une connaissance approfondie et raisonnée du présent et du passé des contrées qu'il visite. Historien, géographe, archéologue, paléographe, héraldiste, épigraphiste, généalogiste, ethnologue, Dubuisson-Aubenay est tout cela à la fois."
Il ne connaissait pas la Bretagne, il n'y avait fait qu'un séjour en 1629. Peut-être avait-il commencé ses recherches à ce moment. Lors de son second séjour, il mène son enquête en interrogeant les personnalités occupant de hautes fonctions, les personnes qui l'hébergent ayant une bonne connaissance de leur lieu de vie ou possédant des documents qu'il peut consulter. Il écoute aussi le peuple et recoupe toutes ses informations. Il est en relation avec les érudits qui font des recherches sur l'histoire et la langue bretonne, avec les institutions religieuses qui conservent les manuscrits anciens. Les géographes antiques, les auteurs latins, les poètes gallo-romains, du Moyen Age, les Bretons contemporains, ses connaissances sont multiples. Il est intéressé par les restes des voies romaines, par les mégalithes, les monnaies retrouvées par les paysans, il fréquente les vieux cimetières riches d'inscriptions et d'armoiries -l'histoire des lignages est importante pour lui-. Historien, collectionneur, observateur.
"L'Itinéraire de Bretagne apparaît comme un témoignage de la vaste culture de son auteur, et de son immense curiosité. Certes ses méthodes - qui sont parfois approximatives- sont bien celles d'un "savant" de son époque, mais il n'en reste pas moins que son oeuvre donne de la Bretagne un tableau documenté, bien loin de la banalité du simple récit de voyage d'un "honnête homme" ou de la sécheresse d'un rapport administratif d'un commissaire du roi."