"Madame de Pompadour" Evelyne Lever
Madame Lever, chercheur au CNRS, fait un portrait de Madame de Pompadour en montrant sa force et sa faiblesse.
Sa force: Mme de Pompadour n'a pas été seulement la maîtresse de Louis XV, elle a été son amie et son soutien pendant vingt ans. Louis XV, de caractère dépressif, n'aimait pas la vie de la cour. Mme de Pompadour le comprenait, le réconfortait, en sa présence il s'épanouissait. Durant les vingt ans de leur vie commune, elle lui a organisé des soirées intimes où il pouvait se détendre avec ses amis, l'a distrait par des fêtes, des soirées théâtrales où elle jouait et chantait, l'a mené de château en château entouré de quelques proches. Forte de son appui, elle est devenue de plus en plus importante.
Elle a fait travailler les meilleurs architectes et artisans lors de la construction de ses châteaux. Elle a créé la Manufacture de Sèvres. Elle se comportait comme une "ministre de la culture". Mme de Pompadour était cultivée, elle connaissait les philosophes depuis sa jeunesse, elle admirait Voltaire. Mais lors de la parution de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert elle n'a pu les soutenir qu'avec prudence, sachant que le roi se méfiait d'eux. De plus, elle soutenait la monarchie absolue par amour pour Louis XV.
Devenue de plus en plus indispensable au roi avec qui elle partageait la conduite du pays, elle faisait et défaisait les ministres et ambassadeurs.
Elle était entourée d'amis fidèles comme le cardinal de Bernis qui l'avait conseillée lors de son arrivée à Versailles.
Sa faiblesse: elle était la maîtresse du roi! Elle avait de nombreux ennemis. La famille royale, l'Eglise, une partie de la cour qui déplorait son origine bourgeoise et non aristocratique. Et les femmes, jeunes et jolies, qui pouvaient lui prendre le coeur du roi - elle savait que, du jour au lendemain, elle pouvait être répudiée. Ceux qui jalousaient son ascension. Ceux qu'elle avait écartés.
Et enfin le peuple. Qui jugeait la vie dispendieuse du roi et de sa favorite alors que les caisses de l'Etat étaient vides. Qui jugeait la guerre où la France avait été entraînée par son alliance avec l'Autriche. L'impératrice Marie-Thérèse cherchait des alliés pour combattre Frederic II de Prusse et récupérer la Silésie. L'ambassadeur autrichien, traitant Mme de Pompadour comme une véritable femme politique, avait su gagner ses faveurs. Elle poussa le roi à entamer des négociations secrètes avec l'impératrice, menées par son fidèle Bernis. La conclusion, le traité de Versailles, signé en 1756, heurta la population française très hostile aux Autrichiens. Et Mme de Pompadour n'avait pas su déceler tous les dangers du traité. De même que ses protégés n'étaient pas toujours à la hauteur de leur tâche.
La France remporta quelques victoires qui renforcèrent l'opinion de Mme de Pompadour. Mais fut ensuite défaite par Frederic II. On critiqua vivement Mme de Pompadour. Qui se fit de nouveaux ennemis en voulant donner des ordres aux généraux. "Outré qu'une femme, ignorante de l'art militaire, et qui se contentait de placer des mouches sur une carte pour décider de la marche des armées, pût s'arroger un tel pouvoir, le comte de Clermont lui adressa quelques mots vifs." Malgré l'avis de Bernis, qu'elle écarta, elle déconseillait au roi de signer un traité de paix avec le roi de Prusse.
En 1756, la France entrait aussi en guerre contre l'Angleterre et elle perdra une partie de ses colonies - dont l'Amérique- dans l'indifférence générale.
Mme de Pompadour avait toujours la confiance de Louis XV alors qu'ils devenaient de plus en plus impopulaires.
Découragée par les évènements et affaiblie par la maladie, elle mourut en 1764 à l'âge de 42 ans.