"Vingt-Quatre Heures d'une femme sensible" Constance de Salm
Constance de Salm était tombée dans l'oubli. Ce sont les mouvements féministes qui ont remis en lumière son rôle dans le milieu littéraire du début du XIX ème siècle et ses positions au sujet des femmes.
Constance de Théis est née à Nantes en 1767. Grâce à son père elle a reçu une éducation éclairée. En 1789 elle épouse Jean-Baptiste Pipelet, issu d'une famille de chirurgiens. Les jeunes époux sont favorables à la Révolution, mais durant les années agitées de la Terreur, Constance est obligée de se cacher. Elle écrit, alors, une tragédie lyrique "Sapho" qui sera jouée en 1794 à Paris. Elle est accueillie en 1795 au Lycée des arts composé de savants, d'écrivains, d'anciens académiciens. Elle est la première femme à se joindre à cette élite.
"Ce fut, devant ce même aéropage que, deux ans plus tard, elle lut son "Epître aux femmes", qui en fit le porte-étendard de la révolte des femmes contre la domination masculine en matière artistique." (postface de Claude Schopp)
Tandis qu'elle devient célèbre, son mariage décline. Elle divorce en 1799.
"Quelque temps après, [Pierre Daru] me conduisit à une des séances d'une de ces sociétés qu'il présidait.
Il était sept heures et demie du soir, les salles étaient fort illuminées. La poésie me fit horreur, quelle différence avec l'Arioste et Voltaire! Cela était bourgeois et plat (quelle bonne école j'avais déjà!) , mais j'admirais fort et avec envie la gorge de Mme Constance Pipelet qui lut une pièce de vers [...]" Stendhal cité dans la postface.
Constance épouse le prince de Salm. Elle tient alors un salon littéraire parmi les mieux fréquentés de Paris.
"Autant [...] Constance "déployait de dignité et de fermeté dans la défense de ses croyances littéraires et politiques, autant elle montrait de charme et de bonté dans les causeries du monde ou dans les épanchements de l'amitié." Le Bigan cité dans la postface.
Constance de Salm meurt en 1845 après une vie littéraire bien remplie au milieu de ses amis et des nouveaux talents comme Hugo, Lamartine ou Dumas.
"Vingt-Quatre Heures d'une femme sensible" est publié en 1824.
"Je l'avais abandonné, et, sans doute, il n'aurait eu aucune suite, si, me trouvant à la campagne et loin de mon pays, pendant les années de guerre qui viennent de s'écouler [1814 et 1815], le besoin impérieux d'une forte distraction ne l'eût rappelé tout à coup à mon souvenir" préface
Une jeune femme voit son amant secret, à la fin d'une soirée à l'Opéra, monter dans une calèche en compagnie d'une femme. Puis elle attend, en vain, une lettre d'explication. Durant la nuit et la journée suivante, elle lui écrit une série de billets qui traduisent toutes ses émotions: inquiétude, jalousie, désespoir, colère, désir de mettre fin à ses jours, indulgence.
Maintenant on attend que le téléphone sonne, mais les sentiments restent les mêmes. Constance de Salm a su les décrire avec élégance et sincérité.