"Le Dit de Murasaki" Liza Dalby
Le roman débute avec la mort de la mère de la narratrice - Murasaki-shikibu elle-même. Elle habite dans la résidence de son père Fujiwara no Tamétoki avec sa soeur aînée, un peu simple d'esprit, et son frère. C'est une jeune fille très intelligente, plus douée que son frère. Conseillée par un père aimant et bienveillant, elle a une très bonne connaissance du chinois, inhabituel à cette époque pour les femmes. D'ailleurs, à l'âge de se marier, son érudition fait fuir les hommes et elle a peu de prétendants.
Murasaki est mélancolique et solitaire mais très liée avec son père qui a fondé une nouvelle famille vivant dans une autre aile de la maison. Pour se distraire, elle commence à écrire des histoires dont le héros est le Gengi- le Prince Radieux- inspiré par un jeune homme qu'elle admire, Korechika, d'après les récits de son père qui fréquente la cour, moins grâce à son rang de noblesse qu'à son érudition et à la protection de Michinaga. Elle les fait lire à son père et à ses amies.
A la fin du Xème siècle le clan Fujiwara est puissant. Il domine la vie politique grâce à des mariages successifs de leurs filles avec les empereurs. Korechika est le fils du Régent Michitaka (ce sont les régents qui gouvernent et non les empereurs). A la mort de son père -995- il perd ses appuis politiques ainsi que sa soeur l'Impératrice Teishi. C'est son oncle Michinaga qui devient le nouveau Régent.
Le père de Murasaki qui n'avait plus de fonction officielle depuis plusieurs années, obtient un poste de gouverneur à Echizen. Murasaki est autorisée à accompagner sa famille à condition qu'elle accepte d'épouser un ami de son père à son retour.
Toujours très proche de son père, elle assiste à ses réunions et fait la connaissance d'un jeune Chinois dont elle tombe amoureuse. Il l'encourage à écrire et à peindre.
Après le départ de la délégation chinoise, elle décide de rentrer dans la capitale et de se marier. Elle s'installe chez ses grands-parents puis dans la maison que son mari lui a fait construire. Contrairement à ses craintes, ses relations avec les autres épouses sont plutôt bonnes et son mari se révèle être un homme attentionné et admiratif. Elle s'aperçoit que sa renommée est déjà grande au palais grâce à son époux qui a diffusé ses écrits. Murasaki donne naissance à une fille, mais sa joie est de courte durée, son mari décède peu après.
Michinaga la fait venir à la cour comme dame de compagnie de sa fille Shôshi, la nouvelle Impératrice après sa cousine Teishi, épouses de l'Empereur Ichijô.
Murasaki est déjà âgée et elle a toujours vécu à l'écart du monde. Jamais elle n'aurait cru un jour entrer au palais, elle qui écoutait les récits de son père avec fascination.
Suit sa description acerbe de la vie à la cour. Les enjeux politiques dont les femmes font les frais, les disgrâces des impératrices qui provoquent celles de leurs suivantes comme pour Sei Shônagon, les jalousies féroces des dames de compagnie, les nobles qui boivent trop et deviennent lubriques, le droit de cuissage de Michinaga.
Le Régent la presse d'écrire sur tous les évènements, les fêtes, les naissances d'enfants royaux. Elle n'a plus le temps ni l'envie d'écrire l'épopée de Gengi. Elle devient de plus en plus mélancolique et amère.
Ses seules lueurs sont sa fille qui devient une jeune fille accomplie qu'elle pourra présenter à l'Impératrice, ses relations amicales avec d'autres dames de compagnie et l'intérêt que Shôshi lui porte.
Son amie d'enfance s'est retirée dans un couvent. Elle la presse de la rejoindre. Murasaki s'installe dans une retraite près d'elle et finit ses jours en écrivant, recopiant des écritures saintes et méditant.
"Le Dit de Murasaki" est l'oeuvre de Liza Dolby. Ayant lu le "Dit du Gengi" à l'âge de seize ans, elle a été très marquée par son auteur. Elle a fait le voyage pour retrouver les traces du Japon du Xème siècle et de son célèbre écrivain. Dans son roman elle a utilisé sa bonne connaissance des écrits de l'époque, en particulier les journaux
"Journal de l'éphémère" dont l'auteur a peut-être été un des modèles de Murasaki
"Journal d'Izumi-shikibu" poétesse contemporaine de Murasaki
"Notes de chevet" de Sei Shônagon
Mais hélas il ne reste que peu de choses. Le "Dit du Gengi" et une partie de son journal portant sur les années 1008 à 1010. Même son nom est inconnu, Murasaki est le sobriquet qui lui a été donné par ses compagnes - Murasaki étant la principale héroïne du "Dit du Gengi".
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