ASHITA

Histoires de sac...

                         

des modèles d' Alice and co

Des impératices du Xème siècle à l'impératrice du XXème

"Sé-oto" (Le chant du gué) - Impératrice Michiko

L'impératrice du Japon s'est mariée en 1959 avec le prince héritier qui est devenu empereur en 1989.
En 1997, son recueil de waka "Sé-oto" est publié. L'édition française en a sélectionné 53.

"Oto (Chant)
Thème donné par S.M. L'Empereur pour la première cérémonie de poésie à la cour
Accompagnant Son Altesse
dans la berline
au long des rives de l'Akikawa,
    j'entends le chant limpide du gué
    nous suivre.

Fleurs en tourbillon
Thème donné à l'occasion  de l'anniversaire de S.M. L'Empereur
Avec ses mains ouvertes
vers le ciel
     cherchant à saisir
     le tourbillon des fleurs,
     mon enfant  danse le printemps! "

Premier dimanche de chine

Bredouille... mais la chine c'est aussi cela:
une agréable promenade                                                                                                                                                                                                                                    

Dans la ville des veuves intrépides

"Dans la ville des veuves intrépides" James Cañon

Alors que la Colombie est douloureusement à la une de l'actualité, il y a un petit village colombien, Mariquita, perdu au milieu de la forêt où il fait bon vivre. Loin de la guerre.
Hélas c'est un village de roman.
Il n'y a que des femmes et quelques enfants qui vieillissent et qui grandissent oubliés de tous - mais en fin de compte pour leur bonheur. Un matin, les hommes ont été tués ou emmenés par les guerilleros. Les femmes ont paniqué, la moitié d'entre elles a fui. Après quelques mois, celles qui sont restées ont commencé à s'organiser sous la conduite de Rosalba, le nouveau maire. Elles ont retravaillé la terre, nettoyé les rues et les maisons. Au fur et à mesure elles ont inventé la collectivité féminine, le temps féminin, les corps nus. Chacune donne aux autres ce qu'elle sait faire ou ce qu'elle a. Les cultures sont devenues abondantes, la nourriture bonne, les maisons coquettes. Les couples se sont formés. C'est la Nouvelle-Mariquita.
Mais il y a eu un problème, comment assurer la procréation de nouvelles générations? Le curé, seul homme épargné, s'est porté volontaire. Hélas, pas de bébé en vue. Les femmes ont attendu que les quatre garçons atteignent leurs quinze ans. Mais le curé les a tués, il a été chassé du village. Il n'est resté que Santiago, "veuve" lui aussi de son ami Pablo, et Julia, en réalité Julio jusqu'à ce funeste matin. Ils ne seront pas d'un grand secours.
Un journaliste américain, qui parcourt le pays depuis des mois, faisant des reportages sur les combattants de tout bord, entend parler d'un village d'Amazones. Il lui faut traverser la forêt, les routes ayant été depuis longtemps reconquises par la nature. Elles l'accueillent, le soignent, lui racontent leur histoire, mais le font repartir.
Un matin, seize ans après leur départ, quatre rescapés en fuite, font leur apparition. Ils demandent restitution de leurs biens, maison, terre et femme. Seul l'instituteur, parti volontairement, demande une seconde chance, une seconde chance d'être juste un humain.
Elles ne garderont que les trois  qui ont accepté les nouvelles règles et de les aider à construire un autre village près de la rivière, la Nouvelle-Nouvelle-Mariquita, pour les couples. Et bientôt un petit garçon assurera la relève...

Kerstin Thorvall

"Le sacrifice d'Hilma" - "Les années d'ombre" - "La rage d'être libre" Kerstin Thorvall

Lors d'une belle journée d'été, la douce et pieuse Hilma, qui a un prometteur avenir d'institutrice, trouve l'amour en la personne de Sigfrid. La demande en mariage sera acceptée. Le fiancé est un peu trop exalté et ses idées progressistes irritent tout le village, mais il est le fils d'un pasteur et les très puritains parents d'Hilma - le père est un simple bûcheron- sont dépassés par les évènements. Quant aux beaux parents, ils accélèrent la cérémonie.
Hilma va comprendre pourquoi le soir de ses noces. Sigfrid est un malade mental qui, selon la loi suédoise, n'a pas le droit de se marier. La famille du pasteur s'est empressée de se débarrasser de lui et de laisser la charge à la naïve Hilma.
Entre ses crises de folie, Sigfrid est un bon professeur et un bon mari. La nuit... on a enseigné à Hilma que la vie ne doit être que souffrance.
Elle donne naissance à une fille Signe.

Après la mort de son mari en 1936, Hilma élève sa fille dans une atmosphère triste et renfermée. Signe est fragile et Hilma a toujours peur que la maladie du père se soit transmise à la petite fille. Tandis que la guerre fait rage en Europe, la Suède reste neutre mais la vie est difficile.
Hilma obtient un poste d'institutrice et Signe devient une adolescente bonne élève mais solitaire et angoissée. Elle s'est mise en tête de devenir dessinatrice de mode, Hilma essaie de la ramener à la raison et de la faire choisir un poste de professeur de dessin.

La narratrice du dernier tome de la trilogie est Signe. Une Signe vieillissante qui écrit à Alberte, héroïne du roman de Cora Sandel "Alberte et Jacob" (écrit en 1926), et met en parallèle leurs deux histoires.
Signe a épousé contre l'avis de sa mère son amoureux  Lars-Ivar. Ils auront trois fils. Lars-Ivar est un bon mari qui prend soin des enfants. Signe est une jeune femme très perturbée, marquée par son éducation religieuse, même si elle a perdu la foi, sujette à de graves crises d'angoisse qui la paralysent. Ses seuls moments de bonheur sont dans le travail. Elle réussit sa carrière de dessinatrice de mode. Lars-Ivar, qui est peintre, mettra plus longtemps à devenir célèbre.
Elle cherchera, en vain, à être une "femme ordinaire". Lorsque la vie de famille devient trop pesante, elle fait une fugue. Elle se rend compte qu'elle rend la vie difficile à son mari. Elle lui avoue qu'elle l'a trompé lors d'un séjour à Paris. Mais ce que Lars-Ivar prendra comme une dernière trahison, c'est qu'elle trouvera enfin l'apaisement en devenant écrivain. Il la quittera en gardant leur fils aîné.
Comme Alberte, sa soeur en littérature, elles ont souffert , ont trouvé leur voie en écrivant, mais au prix de l'abandon de leur fils.

Kerstin Thorvall, née en 1925, est une romancière suédoise très célèbre qui, selon son éditeur, a consacré une large part de son oeuvre à la sexualité féminine.

Fumiko Enchi

"Chroniques Glorieuses" Fumiko ENCHI (1905-1986)

La narratrice se souvient d'un livre écrit au pinceau, appartenant à la bibliothèque de son père, aujourd'hui dispersée, qu'elle avait lu quarante ans auparavant "Histoire d'un faux médium -Annexe aux Chroniques Glorieuses". Qui avait écrit ces Chroniques? Elle n'en a jamais plus trouvé la trace.

A la fin du Xème siècle, Fujiwara no Kanéié a une fille, mère de l'Empereur, et trois fils. Se sentant mourir, il transmet la régence à son fils aîné Michitaka. Celui-ci a une fille Teishi qu'il marie à l'Empereur -c'est la politique du clan Fujiwara afin d'affirmer leur pouvoir-  et deux fils koréchika (peut-être le modèle du "Gengi") et Takaié.
Teishi est une jeune femme délicate et raffinée (Sei Shônagon fait partie de ses dames d'honneur) amoureuse de l'Empereur et qui gagne son amour.
Mais Michitaka meurt et toute sa lignée n'est plus protégée.
Son frère Michikané devient Régent, mais il décède peu après.
Commence une lutte d'influence entre Korechika et son oncle Michinaga.
L'empereur Ichijô ne sait qui choisir entre Korechika, le frère de sa bien-aimée et son oncle. Appuyé par sa soeur qui a de l'autorité sur son fils, Michinaga l'emporte.
Teishi est alors en grand danger. Elle n'a qu'Ichijô comme protection, mais l'Empereur n'a aucun pouvoir.
Ses frères sont exilés.

Les Chroniques Glorieuses, toutes acquises à Michinaga, relatent son ascension qui représente, au début des années 1000, l'apogée du clan Fujiwara.
Homme de grande prestance, élégant, courtois et charmeur, il sait se faire aimer. Il suffit de lire Murasaki, protégée de Michinaga et dame d'honneur de sa fille!
L' Histoire du faux médium est en quelque sorte l'envers de la médaille. Le côté noir de Michinaga. Sa connaissance de la psychologie humaine. Et son génie politique.
Prendre le pouvoir, c'est aussi placer sa fille près de l'Empereur, avoir un héritier et convaincre l'Empereur d'abdiquer en faveur de l'enfant et rester seul maître.
Michinaga a une fille Shôshi encore trop jeune pour être mariée. Il faut donc discréditer Teishi qui représente le dernier danger à son pouvoir total sur l'Empereur. Puis la remplacer dans quelques années par sa propre fille. Il va créer un complot.
Il va utiliser deux jeunes filles, dont la mère était une prêtresse. L'une Ayamé qu'il met à son service, l'autre koben entre au service de Teishi.
A cette époque, les personnes malades étaient considérées comme les victimes d'esprits malfaisants. Lors de la maladie de la mère de l'Empereur, Ayamé se fait passer pour l'esprit de Teishi, cherchant à se venger du bannissement de ses frères.
Mais l'Empereur sensé renier son épouse ne met pas en doute l'innocence de Teishi et le complot échoue.
Michinaga a fait de sa fille la nouvelle Impératrice, elle vit dans le luxe entourée de ses dames d'honneur et des courtisans.
Teishi a une vie plus difficile mais elle est mère de deux enfants , dont un garçon héritier de l'empire. Et elle garde l'amour d'Ichijô. Michinaga invente un second complot.
Shôshi tombe malade. Koben, par déception amoureuse, accepte le marché de Michinaga, se fait  passer pour Teishi dont l'esprit veut du mal, cette fois, à sa concurrente. Ichijô semble ébranlé. Mais lors de sa viste, Koben prononce, malgré elle, des paroles contraires à ce qu'elle devait dire. Elle défend Teishi auprès de son époux.
Michinaga a encore perdu. Koben est jetée en prison.
Mais plus personne ne va se mettre au travers de la route de Michinaga, Teishi vient de mourir en mettant au monde un troisième enfant. Shôshi sera mère de deux empereurs.

Les Chroniques glorieuses ne sont pas un "monogatari" oublié. Mais l'oeuvre de Fumiko Enchi qui fait revivre la montée en puissance des Fujiwara et les luttes intestines autour de l'Empereur, en inventant les personnages d'Ayamé, de koben et son amant, le policier Yukikuni, amoureux de Teishi et qui sera le responsable involontaire de la trahison de koben.