"La Tour de Tôkyô - Maman, moi, et papa de temps en temps" Lily Franky
Illustrateur, musicien, chroniqueur, Masaya Nakagawa , alias Lily Franky, rend hommage à sa mère et lui fait une magnifique déclaration d'amour.
Il raconte sa jeunesse auprès de sa mère toujours gaie et prévenante malgré sa vie difficile. Abandonnée par son mari alors que Masaya n'avait que trois ans, elle est retournée dans sa ville natale chez sa mère. Pauvre mais bonne cuisinière, elle a toujours gâté son fils et n'a jamais refusé d'acheter ce qui lui faisait envie. Jusqu'aux quinze ans de Masaya et son entrée au lycée, ils ont vécu très liés l'un à l'autre.
Durant les vacances, Masaya allait rendre visite à sa grand-mère paternelle où il rencontrait parfois son père. Père absent et mystérieux. Masaya n'a jamais su ce qu'il faisait. Des emplois pas toujours légaux, des relations louches, mieux valait ne pas poser de questions. Et Masaya ne posait jamais de questions.
C'est après la mort de sa mère qu'il apprendra que son père l'avait chassée parce qu'elle ne s'entendait pas avec sa belle-mère.
Après le lycée où il a commencé à être un mauvais sujet, Masaya sans grande conviction décide d'entrer dans une université artistique de Tôkyô.
La Tour de Tôkyô deviendra le symbole de l'attirance des jeunes générations vers la grande ville, dévoreuse des rêves et des ambitions. La Tour de Tôkyô que la mère de Masaya pouvait voir de son lit d'hôpital.
Durant une dizaine d'années, Masaya vivra dans la misère, de petits contrats en petits boulots, aidé par sa mère toujours aussi généreuse. Lorsque sa situation s'améliorera, il la fera venir. Déjà atteinte d'un cancer, sans domicile, elle accepte de s'installer à Tôkyô. Masaya a trente ans, les voici de nouveau réunis. A quinze il voulait la liberté, mais qu'avait-il fait de cette liberté se demandait-il.
Sa mère finira ses jours heureuse et entourée des amis de son fils, à qui elle faisait ses petits plats, jusqu'à ce qu'un nouveau cancer lui ôte la vie.
La plaquette funéraire de sa mère dans son sac, Masaya est monté au sommet de la tour -qui, inutile désormais, pourrait être démolie- "Maman. Il fait beau aujourd'hui. Quelle chance!"