"Les chroniques de San Francisco" - Episode 9 "Anna Madrigal" Armistead Maupin
Le tome 9 résonne comme le testament des "Chroniques" commencées au début des années 70.
Anna Madrigal, personnage central des romans, est maintenant une vieille dame de 93 ans, entourée des membres de sa tribu - ceux qui ont survécu à la terrible épidémie des années 80 et 90.
Emmenée par deux amis au Névada dans sa ville natale, Anna fait un retour sur son enfance et dévoile ses secrets. Et elle explique enfin le nom qu'elle s'est choisi en devenant une femme.
Comme depuis le début des "Chroniques" Anna est la messagère de la bonté et de la tolérance.
Armistead Maupin est originaire du sud des Etats-Unis. Il a fait ses études à l'Université de Caroline du Nord. Il est arrivé à San Francisco en 1971 en tant que responsable du bureau de l'Associated Press.
[voir les notes des 11 février 2007, 27 juillet 2008 et 23 août 2011]
"Fairyland" Alysia Abbott
Stephen Abbott et Barbara Binder étaient des étudiants brillants et engagés politiquement. Ils s'étaient rencontrés à l'Université Emory d'Atlanta à la fin des années 60. En 1970 naissait leur fille Alysia. Barbara avait accepté l'homosexualité de Stephen, mais leur mariage se désagrégeait, lorsqu'en 1973, elle fut tuée dans un accident.
Stephen Abbott décida de partir à San Francisco avec sa petite fille. En 2013 Alysia raconte son histoire, leur histoire.
A leur arrivée, Stephen s'était installé dans le quartier de Haight- Ashbury où régnait un esprit bohème, "gay friendly". Il partageait son appartement avec son ami et des co-locataires. Poète et auteur de bandes dessinées, Stephen eut des difficultés, jusqu'en 1976, à trouver sa place dans la vie littéraire de San Francisco. Il vivait de différents petits travaux. Ils déménagèrent une première fois dans un appartement où ils habitaient seuls. Puis en 1979, ils s'installèrent au 545 Ashbury Street où Stephen est resté jusqu'à son décès en 1992, victime du sida.
Stephen avait, peu à peu, pris de l'importance dans le milieu littéraire de San Francisco, participant à de nombreuses lectures - où il emmenait Alysia- et s'investissant dans la publication de la revue "Poetry Flash". Son premier livre de poésie parut en 1978.
Depuis 1976, Alysia fréquentait l'école franco-américaine, école privée onéreuse payée par ses grands-parents maternels qui la recevait chaque été. Alysia a eu une enfance solitaire, accompagnant son père dans des réunions où il n'y avait pas d'autres enfants, ou regardant la télé pendant que son père écrivait." C'est ainsi que s'est affirmé mon béguin pour Fred Rogers et sa fameuse émission. Il ressemblait tellement à mon père [...]". De son propre aveu, son adolescence fut plus difficile. "C'est seulement après le décès de papa que je me suis rendu compte d'une chose: s'il n'avait pas eu de petit ami à long terme c'était, du moins en partie, à cause de ma présence constante à l'appartement à l'époque de mon adolescence. J'étais de mauvaise humeur. J'étais impolie. [...]".
Elle a fait ses études supérieures à New York et a séjourné deux fois en France. Son père, déjà malade, lui a rendu visite à Paris, lors de son deuxième séjour. En 1992, elle est revenue à San Francisco, au chevet de Stephen.
"Quand je repense à papa aujourd'hui, c'est avant tout son innocence qui me revient à l'esprit. Sa gentillesse. La douceur de ses manières. Ce n'était pas un dur. Aucune des tragédies qu'il avait vécues -la perte de sa femme, le fait de se sentir rejeté par sa famille et ses amants- ne l'avait endurci de façon visible.".
Alysia Abbott est journaliste et critique littéraire. Elle vit à New-York avec son mari et ses deux enfants. "Et si je n'ai plus habité à San Francisco depuis 1994, et si ma vie aujourd'hui est très différente de notre vie à l'époque -papa la qualifierait de "bourgeoise" - , je suis pleinement un produit de ce monde." écrit-elle.