"Les délices de Tokyo" Durian SUKEGAWA
Sentarô n'a rien fait de sa vie. Ecrivain raté, il a été emprisonné pour vente de drogue, sa mère en est morte et son père a rompu leurs relations. Comme il a su rester discret sur ses relations, à sa sortie de prison un homme a payé ses dettes et, pour être remboursé, lui a confié la gérance de sa boutique de dorayaki, sur le boulevard commerçant longeant la voie ferrée. A neuf heures, Sentarô commence à préparer la pâte à gaufres, qu'il fait cuire sur une plaque chauffante, deux petits ronds de pâte, qu'il garde au chaud et qu'il garnira ensuite de an, pâte de haricots azuki confits, lorsque les clients arriveront. A onze heures, il lève le rideau de fer. Chaque jour de la semaine. Maintenant, il travaille pour la veuve.
La pâtisserie n'est pas du haut de gamme, le an est industriel, il le reçoit en seau, et s'il n'a pas tout utilisé le jour même, il le congèle pour le lendemain. La boutique vivote, mais Sentarô aurait besoin d'un commis, il a mis une affiche sur la vitrine.
A la saison des cerisiers en fleurs, Sentarô remarque une vieille femme qui, du bord du trottoir, l'observe. Lorsqu'elle décide de s'approcher, elle se propose pour l'emploi. Sentarô refuse, elle est âgée, gracile, ses mains sont déformées par les ans, ce travail est trop difficile pour elle. Mais elle revient plusieurs fois, insiste et il finit par accepter. Car, elle lui a offert un pot de an, qui s'est révélé délicieux, meilleur que sa pâte industrielle. Tokue Yoshii a rassuré Sentarô, elle est vieille, mais cela fait cinquante ans qu'elle est pâtissière et les haricots n'ont plus de secrets pour elle. Tokue va lui apprendre à confectionner son an, et surtout à "écouter la voix des haricots". Alors au travail à partir de six heures!
Les clients semblent satisfaits de la meilleure qualité des gâteaux. Sentarô voudrait que la vieille dame reste au fond de la cuisine, à l'abri des regards, et de sa patronne qui n'a pas donné son accord pour l'embauche. Mais quand les collégiennes se pressent devant l'étal, Tokue s'approche et prend part à leur conversation. Elle aime particulièrement la jeune Wakana.
La patronne a vite été au courant. Elle veut que Sentarô licencie Tokue immédiatement. Une rumeur commence à courir dans le quartier. Tokue n'est pas la bienvenue dans la boutique. D'ailleurs les ventes déclinent et l'avenir de la pâtisserie est en jeu.
Tokue n'a pas dit toute la vérité à Sentarô. Elle a un lourd secret qu'il va comprendre. Elle est née dans une région pauvre, et les gens étaient encore plus pauvres durant la guerre. A quatorze ans, elle a du quitter sa famille, a été amenée à Tokyo et, durant cinquante ans, coupée du monde extérieur. Les préjugés ont la vie longue. Tokue, Sentarô et Wakana vont s'en rendre compte douloureusement. Mais Tokue a toujours gardé confiance en elle. "Pour franchir la haie, la seule solution était de vivre comme si on l'avait fait."
Son amitié et son courage aideront Sentarô et Wakana à affronter l'avenir.
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