"adieu à la tenture en laine et au poêle
je m'en souviens, c'était hier encore, sous le ciel du douzième mois
le vent du nord venait d'apporter trois pieds de neige
vieux je supporte mal le froid
comment passer une nuit aussi longue?
par bonheur il y avait la tenture en laine bleue,
installée pour couper le vent,
et en plus le poêle avec son feu rougeoyant,
pour me réchauffer au milieu de la neige
comme pour un poisson dans les eaux profondes,
ou un lièvre caché au fond de sa tanière,
une douceur agréable réveilla mes écailles endormies,
la chaleur ranima mes muscles engourdis
comment une soirée aussi sombre, aussi morne,
avait-elle pu soudain se transformer en saison douce et ensoleillée?
hélas! il n'y a rien à faire contre les saisons qui se succèdent,
et il m'est impossible de rompre un tel attachement
le store léger chaque jour un peu plus enroulé,
dans le brûle-parfum les cendres s'éteignent
je regrette cette séparation printanière
le prochain rendez-vous est fixé au dixième mois
je ne demande pas que mon corps soit dans une forme impeccable,
mais simplement que la séparation ne soit pas trop longue" PO CHU YI (772-846)
("le poêle et le poète et autres plaisirs poétiques de l'hiver" tr. Cheng Wing fun et H. Collet)
Ici, l'hiver n'est pas fini, on a donc encore besoin d'une autre sorte de tenture bleue!
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